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10 ans d’histoire commune

 

Comment a commencé, pour nous, la coopération Nantes Recife ?

Interpellée par nos amis du Brésil, je vais revenir sur cette histoire commune. En 2009, la ville de Recife a invité la ville de Nantes à participer au festival de littérature de Recife.

Comment me suis-je retrouvée associée à cette dynamique ?

Je suis impliquée depuis une quarantaine d’années dans la lecture dans la rue. La découverte et les premières expériences se sont forgées à Amiens grâce au savoir-faire d’une voisine devenue amie Odile Robitaille. J’ai découvert le mouvement ATD quart monde. J’étais touchée par leur façon d’exprimer la soif d’apprendre, moi qui avait beaucoup souffert à l’école en dépit de tous mes efforts. J’avais eu la chance de pouvoir aller à l’école. Pourtant je me trouvais constamment en échec.

A Amiens, avec mon mari, Laurent, nous habitions dans un quartier populaire où il restait, 40 ans après la guerre, des logements – dits provisoires – en carton goudronné. Avec Odile nous allions à la rencontre des familles qui y vivaient. Nous avons lu, nous avons beaucoup lu ; nous avons observé, rencontré, compris un peu, écrit pour garder la mémoire de la vie de ces enfants. Un chemin de rencontres s’est ouvert, par la bibliothèque de rue. Il s’est enrichi dans le partage avec d’autres militants et grâce aux formations. Continue reading

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Lecture à voix haute : étapes vers un mini spectacle

Nous avons eu la joie de recevoir Monique Hervouet, comédienne et metteuse en scène, pour lire et rire à voix haute.

Après quelques exercices de vocalise, nous choisissons à texte que nous présentons…

La reine des lectrices, d’Alan Benett

La gloire de mon père, de Marcel Pagnol

Dans le verger, extrait de Rêves de femmes, de Virginia Woolf

Pinocchio, d’Alberto Manguel

Comme un roman, de Daniel Pennac

Couleur local, de Jacques Prévert

Droit de dire n’importe quoi, de Daniel Pennac

Discours de réception du prix Nobel, de Doris Lessing

Une ardente patience, d’Antonio Skermeta

 

 

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Ciné-débat : lire, à quoi ça sert ?

Le 26 novembre, vingt personnes dont deux ados ont voyagé grâce à la sagesse de l’Image, et dans le temps et dans l’espace.
Les extraits de film proposés nous mettaient l’eau à la bouche. Les grandes œuvres littéraires ou cinématographiques ne périssent pas et sont à offrir à tous.

Nous avons découvert des extraits de « L’histoire sans fin », et « Le camp de Noisy ou l’inversion du regard », films portés sur la place donnée aux livres. « On donne les mots pour exprimer les choses », souligne l’une des personne présente.

Se plonger dans les livres ou le cinéma, pour s’ouvrir à l’autre, pour voyager sur place, pour entrer dans la langue… C’est aussi une émancipation, de pouvoir décider et faire soi-même. Alors, les rapports au monde changent. Mais aussi le rapport avec la famille, les amis, l’école : apprendre par soi-même et permettre une ouverture réciproque à la différence, faire basculer le sentiment d’échec…

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Les émotions à travers les albums pour enfants

Retour sur la formation d’Anne-Sophie Zuber du 14 décembre 2018… « Les émotions à travers les albums pour enfants ».

 

Ce jour là, nous avons réfléchi, partagé, appris sur… :

– Des références de livres sur les thèmes choisis (deuil, joie, jalousie…).

– L’importance de l’observation des situations, de l’attention portée au groupe au-delà de la lecture qu’on fait.

– La manière de décortiquer très finement les albums.

– La complémentarité texte-illustrations qui raconte une troisième histoire.

– La nécessité de lire et relire un même album, qu’on nous le demande ou pas ; qu’il faut parfois apprivoiser un album ; l’analyse, la construction d’une histoire ; la posture du lecteur…

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50 ans des bibliothèques de rue

Une bibliothèque de rue, c’est quoi ?

Ce sont des gens, adultes et enfants, qui se retrouvent pour lire ensemble dans la rue.

Qui sont ces gens ? Des enfants, des animateurs, et les familles des enfants et habitants du quartier.

Quels sont ces livres ? Ceux qu’ils ont plaisir à partager.

Dans quelles rues ? Dans les rues de quartiers défavorisés

Les bibliothèques de rue d’aujourd’hui sont à la croisée de deux démarches.

 

Du côté des bibliothèques institutionnelles…..

Rendre le livre plus accessible en venant à la rencontre du lecteur n’est pas une idée récente.

Les bibliothèques hors les murs existent depuis la seconde moitié du 19ème siècle en France et apparaissent d’abord dans les hôpitaux, les écoles et les prisons. Ce sont des lieux de lecture en dehors des murs de la bibliothèque.

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50 ans de bibliothèque de rue, c’est parti pour un grand mois de rencontres!

Hélène, sérigraphe intrépide, est arrivée, poussant sa machine roulante.
Une bonne vingtaine de personnes, petites et grandes ont prêté la main.

Les couleurs n’ont pas franchi le cadre parfaitement préparé. Et les joues des nuages ont bien tenu la pluie, loin de nos têtes.
Les sérigraphies séchées, massicotées et enveloppées attendent leur adresse pour courir vers les boites à lettres. Nous continuerons demain.

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Les enfants sur l’espace public (2)

 Qu’est ce qui a changé dans la société ?
  1. La précarisation. Avant chacun avait une place dans ce milieu. Jusqu’en 1970, l’avenir n’était pas un problème, mais parfois ce côté de “reproduction” était insupportable. Aujourd’hui, même les classes moyennes sont dans l’incapacité d’assurer un avenir à leurs enfants. Il est impossible de se projeter dans un avenir commun. La peur circule sans arrêt et fait des ravages.
  2. Le déclin des institutions : école hôpital, poste,… Dubet dit “les institutions faisaient autorité d’elles même.” Aujourd’hui l’école n’a plus de sens. Avant on disait “c’est l’école”. Aujourd’hui il faut chercher à savoir ce que l’enfant attend de l’école. Il faut soigner, enseigner et donner du sens à l’occasion de chaque rencontre. C’est vachement fatigant, c’est usant, c’est passionnant ! Cette institution était archaïque, violente; il n’est pas fondé de la regretter. La famille patriarcale, était-ce mieux ?  Le retour en arrière est impossible et injustifié. Aujourd’hui on peut remettre en cause les places des uns et des autres. Cela s’ajoute à notre précarité : nous ne nous sommes pas enrichis, nous travaillons dans des structures qui ont fait le choix de limiter la marge d’autonomie et de liberté des acteurs. Les actions sont cloisonnées et les professionnels empêchés.
  3.  L’espace public, pour nous est un espace de liberté; on peut s’affranchir, travailler avec tous les enfants quelque soit leur âge. On inverse la perspective. Travailler à ce que l’inconditionnalité soit reconnue. Dehors, je compose, je n’accueille plus, je n’enregistre pas un usager de plus. Je suis accueilli par un espace et c’est inconfortable ! Accueillir, c’est confortable. Dehors, on rejoint l’autre; on perd tous ses privilèges. Souvent les enfants ne viennent pas parce que je suis dans un espace contrôlé. On nomme les problèmes des gens à partir de son institution. C’est un problème de lien, d’itinéraire.
  4. Avant , il y avait le métier, vous y restiez jusqu’à la retraite, vous faisiez carrière, dans une profession. Aujourd’hui reste l’activité, avec des statuts qui vont évoluer. Comment crée t-on de la richesse ?  Nous cherchons des modèles qui sortent de la logique du modèle capitaliste de rentabilité. Et peut-être que le prix de la pomme de terre produite dans le jardin partagé, cuisinée ensemble n’est pas compétitive mais lui donne une énorme valeur. C’est une richesse sociale, éducative et de santé publique. Travailler et faire avec, malgré le dumping social. Se faire reconnaître comme une richesse. Face à ces nouvelles conditions, comment nous adaptons nous ?
  5. “Garder” un local demande beaucoup d’énergie. L’institution nous paralyse  et nous met dehors. On se pose la question des apprentissages et de la transmission pas seulement à l’école. On transmet les peurs au quotidien dans les institutions. Comment faire pour que ce soit une rencontre mutuelle ? Le problème du sécuritaire est qu’il est sensé nous rassurer, mais il porte quelque chose qui nous inquiète. Il crée une distance, grillages aux fenêtres, portes blindées… Si on met de la distance et de la séparation, on crée un fantasme. Faire l’expérience d’une nouvelle réussite.
  6. L’espace public n’est pas forcément public, il y a des espaces interstitiels qui appartiennent aux sociétés de HLM et et dont les règles peuvent être plus ouvertes que celles érigées par la commune. C’est la préoccupation du bailleur. A la fin du XIXe, les bourgeois retirent leurs enfants de l’espace publique.Il y a une diabolisation des enfants d’ouvriers. La conception très française a clivé privé et public à la révolution. Le privé, cela veut dire que l’Etat s’en décharge sur les familles. Aujourd’hui le Public veut rencontrer les familles, à l’école, au collège. C’est un renversement un peu inquiétant. L’école a été faite “contre” les parents. Aujourd’hui elle attend que les parents l’aident.
  7. Présentation de photos autour des ateliers de rue au Plessis Robinson.
  8. Ateliers réguliers chaque semaine se déroulent aux mêmes endroits dans des résidences. Le choix a été fait en fonction des habitudes de circulations des enfants. Qu’il pleuve, qu’il vente… Du mardi au dimanche.

La démarche de pédagogie sociale s’appuie sur 3 pédagogues : P Freire, C Freinet J Korczak.

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Les enfants sur l’espace public (1)

Laurent Ott

Laurent Ott

Enseignant, directeur d’école, éducateur, formateur de travailleurs sociaux, engagé à Longjumeau dans un travail de rue en pédagogie sociale. et philosophe aussi.

Pour consulter le site internet de son association cliquez ici

Où est le problème ?

une rencontre avec soi, avec l’autre

Sortir du risque de la pensée close : le problème n’est pas un manque de surveillance des parents, ou un manque de cadre… alors on aurait à répondre à une anomalie , et on est embarqué dans le comment surveiller ou comment cadrer…Il y a une réalité sociale, politique, historique. Amener de l’ouverture, changer de regard. Voire de la valeur et la faire monter. Ce sont des enfants en situation de rue, ce ne sont pas des enfants des rues, et ils ne sont pas tout le temps dans la rue ! Les renvoyer dedans n’est pas une solution. Les enfants “d’appartement” courent un plus grand risque ! Ils n’ont aucun sens des espaces publics. Leur fragilité émotionnelle est très forte. Il faut faire sortir ceux qui sont dedans. Des enfants vont chercher dehors un dedans qui n’existe plus.

 Les enfants ont toujours joué dehors

Au XIXe les enfants des milieux ouvriers ou ruraux s’éduquaient tous seuls, entre eux. Avec des étapes. Les familles jouissaient d’une reconnaissance sociale forte. La première préoccupation des parents était économique, donner à manger. Et non d’être les éducateurs de leurs enfants.

Aujourd’hui, dans les classes moyennes l’éducation se déroule dans un face à face constant adulte-enfant. Ça n’existait pas auparavant, les enfants ne fréquentaient pas les adultes et réciproquement. Le modèle  de parentalité actuel, nous ne le critiquons pas ! Les parents sont isolés, ils ne sont plus membres d’un milieu reconnu par le travail. leur reconnaissance sociale pose problème, ils n’ont pas d’existence. Le problème serait plutôt que les parents n’ont pas assez de place, pas assez d’investissement social. Aller vers le renforcement de la société : exister, s’affirmer dans l’environnement.

La suite de l’article : les enfants sur l’espace public (2)