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10 ans d’histoire commune

 

Comment a commencé, pour nous, la coopération Nantes Recife ?

Interpellée par nos amis du Brésil, je vais revenir sur cette histoire commune. En 2009, la ville de Recife a invité la ville de Nantes à participer au festival de littérature de Recife.

Comment me suis-je retrouvée associée à cette dynamique ?

Je suis impliquée depuis une quarantaine d’années dans la lecture dans la rue. La découverte et les premières expériences se sont forgées à Amiens grâce au savoir-faire d’une voisine devenue amie Odile Robitaille. J’ai découvert le mouvement ATD quart monde. J’étais touchée par leur façon d’exprimer la soif d’apprendre, moi qui avait beaucoup souffert à l’école en dépit de tous mes efforts. J’avais eu la chance de pouvoir aller à l’école. Pourtant je me trouvais constamment en échec.

A Amiens, avec mon mari, Laurent, nous habitions dans un quartier populaire où il restait, 40 ans après la guerre, des logements – dits provisoires – en carton goudronné. Avec Odile nous allions à la rencontre des familles qui y vivaient. Nous avons lu, nous avons beaucoup lu ; nous avons observé, rencontré, compris un peu, écrit pour garder la mémoire de la vie de ces enfants. Un chemin de rencontres s’est ouvert, par la bibliothèque de rue. Il s’est enrichi dans le partage avec d’autres militants et grâce aux formations. Continue reading

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Les émotions à travers les albums pour enfants

Retour sur la formation d’Anne-Sophie Zuber du 14 décembre 2018… « Les émotions à travers les albums pour enfants ».

 

Ce jour là, nous avons réfléchi, partagé, appris sur… :

– Des références de livres sur les thèmes choisis (deuil, joie, jalousie…).

– L’importance de l’observation des situations, de l’attention portée au groupe au-delà de la lecture qu’on fait.

– La manière de décortiquer très finement les albums.

– La complémentarité texte-illustrations qui raconte une troisième histoire.

– La nécessité de lire et relire un même album, qu’on nous le demande ou pas ; qu’il faut parfois apprivoiser un album ; l’analyse, la construction d’une histoire ; la posture du lecteur…

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Les enfants sur l’espace public (2)

 Qu’est ce qui a changé dans la société ?
  1. La précarisation. Avant chacun avait une place dans ce milieu. Jusqu’en 1970, l’avenir n’était pas un problème, mais parfois ce côté de “reproduction” était insupportable. Aujourd’hui, même les classes moyennes sont dans l’incapacité d’assurer un avenir à leurs enfants. Il est impossible de se projeter dans un avenir commun. La peur circule sans arrêt et fait des ravages.
  2. Le déclin des institutions : école hôpital, poste,… Dubet dit “les institutions faisaient autorité d’elles même.” Aujourd’hui l’école n’a plus de sens. Avant on disait “c’est l’école”. Aujourd’hui il faut chercher à savoir ce que l’enfant attend de l’école. Il faut soigner, enseigner et donner du sens à l’occasion de chaque rencontre. C’est vachement fatigant, c’est usant, c’est passionnant ! Cette institution était archaïque, violente; il n’est pas fondé de la regretter. La famille patriarcale, était-ce mieux ?  Le retour en arrière est impossible et injustifié. Aujourd’hui on peut remettre en cause les places des uns et des autres. Cela s’ajoute à notre précarité : nous ne nous sommes pas enrichis, nous travaillons dans des structures qui ont fait le choix de limiter la marge d’autonomie et de liberté des acteurs. Les actions sont cloisonnées et les professionnels empêchés.
  3.  L’espace public, pour nous est un espace de liberté; on peut s’affranchir, travailler avec tous les enfants quelque soit leur âge. On inverse la perspective. Travailler à ce que l’inconditionnalité soit reconnue. Dehors, je compose, je n’accueille plus, je n’enregistre pas un usager de plus. Je suis accueilli par un espace et c’est inconfortable ! Accueillir, c’est confortable. Dehors, on rejoint l’autre; on perd tous ses privilèges. Souvent les enfants ne viennent pas parce que je suis dans un espace contrôlé. On nomme les problèmes des gens à partir de son institution. C’est un problème de lien, d’itinéraire.
  4. Avant , il y avait le métier, vous y restiez jusqu’à la retraite, vous faisiez carrière, dans une profession. Aujourd’hui reste l’activité, avec des statuts qui vont évoluer. Comment crée t-on de la richesse ?  Nous cherchons des modèles qui sortent de la logique du modèle capitaliste de rentabilité. Et peut-être que le prix de la pomme de terre produite dans le jardin partagé, cuisinée ensemble n’est pas compétitive mais lui donne une énorme valeur. C’est une richesse sociale, éducative et de santé publique. Travailler et faire avec, malgré le dumping social. Se faire reconnaître comme une richesse. Face à ces nouvelles conditions, comment nous adaptons nous ?
  5. “Garder” un local demande beaucoup d’énergie. L’institution nous paralyse  et nous met dehors. On se pose la question des apprentissages et de la transmission pas seulement à l’école. On transmet les peurs au quotidien dans les institutions. Comment faire pour que ce soit une rencontre mutuelle ? Le problème du sécuritaire est qu’il est sensé nous rassurer, mais il porte quelque chose qui nous inquiète. Il crée une distance, grillages aux fenêtres, portes blindées… Si on met de la distance et de la séparation, on crée un fantasme. Faire l’expérience d’une nouvelle réussite.
  6. L’espace public n’est pas forcément public, il y a des espaces interstitiels qui appartiennent aux sociétés de HLM et et dont les règles peuvent être plus ouvertes que celles érigées par la commune. C’est la préoccupation du bailleur. A la fin du XIXe, les bourgeois retirent leurs enfants de l’espace publique.Il y a une diabolisation des enfants d’ouvriers. La conception très française a clivé privé et public à la révolution. Le privé, cela veut dire que l’Etat s’en décharge sur les familles. Aujourd’hui le Public veut rencontrer les familles, à l’école, au collège. C’est un renversement un peu inquiétant. L’école a été faite “contre” les parents. Aujourd’hui elle attend que les parents l’aident.
  7. Présentation de photos autour des ateliers de rue au Plessis Robinson.
  8. Ateliers réguliers chaque semaine se déroulent aux mêmes endroits dans des résidences. Le choix a été fait en fonction des habitudes de circulations des enfants. Qu’il pleuve, qu’il vente… Du mardi au dimanche.

La démarche de pédagogie sociale s’appuie sur 3 pédagogues : P Freire, C Freinet J Korczak.

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Les enfants sur l’espace public (1)

Laurent Ott

Laurent Ott

Enseignant, directeur d’école, éducateur, formateur de travailleurs sociaux, engagé à Longjumeau dans un travail de rue en pédagogie sociale. et philosophe aussi.

Pour consulter le site internet de son association cliquez ici

Où est le problème ?

une rencontre avec soi, avec l’autre

Sortir du risque de la pensée close : le problème n’est pas un manque de surveillance des parents, ou un manque de cadre… alors on aurait à répondre à une anomalie , et on est embarqué dans le comment surveiller ou comment cadrer…Il y a une réalité sociale, politique, historique. Amener de l’ouverture, changer de regard. Voire de la valeur et la faire monter. Ce sont des enfants en situation de rue, ce ne sont pas des enfants des rues, et ils ne sont pas tout le temps dans la rue ! Les renvoyer dedans n’est pas une solution. Les enfants “d’appartement” courent un plus grand risque ! Ils n’ont aucun sens des espaces publics. Leur fragilité émotionnelle est très forte. Il faut faire sortir ceux qui sont dedans. Des enfants vont chercher dehors un dedans qui n’existe plus.

 Les enfants ont toujours joué dehors

Au XIXe les enfants des milieux ouvriers ou ruraux s’éduquaient tous seuls, entre eux. Avec des étapes. Les familles jouissaient d’une reconnaissance sociale forte. La première préoccupation des parents était économique, donner à manger. Et non d’être les éducateurs de leurs enfants.

Aujourd’hui, dans les classes moyennes l’éducation se déroule dans un face à face constant adulte-enfant. Ça n’existait pas auparavant, les enfants ne fréquentaient pas les adultes et réciproquement. Le modèle  de parentalité actuel, nous ne le critiquons pas ! Les parents sont isolés, ils ne sont plus membres d’un milieu reconnu par le travail. leur reconnaissance sociale pose problème, ils n’ont pas d’existence. Le problème serait plutôt que les parents n’ont pas assez de place, pas assez d’investissement social. Aller vers le renforcement de la société : exister, s’affirmer dans l’environnement.

La suite de l’article : les enfants sur l’espace public (2)

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Chic il pleut, cultivons-nous…

Quelques petites phrases cueillies dans la conférence d’Avignon sur le droit au savoir. Patrice Meyer Bich en est l’auteur.

Si quelqu’un nous touche,

soit pour vous frapper, soit pour vous caresser,

c’est en surface

et c’est aussi au cœur

Le terme culture recouvre

les valeurs,

les croyances,

les convictions,

les langues,

les savoirs,

les traditions,

les institutions,

les modes de vie

et les arts …

par lesquels une personne

ou un groupe

exprime son humanité;

et les significations

qu’il donne à son existence

et à son développement.


la culture est

le plus court
chemin

d’un homme à un autre

surtout quand

l’un est plus riche et l’autre est plus pauvre.


La culture,

c’est la façon

dont les gens        font attention

à eux même,

aux autres,

et au monde.

les droits culturels
touchent à l’ identité
–     non pas je suis différent des autres – mais
l’identité,
ce visage,
cette interface, cet inter-sujets,
là où les choses se passent,              non pas à l’extérieur de nous,
mais là où l’extérieur est                       à l’intime.
Là où dans notre tête, nous avons la langue commune.

La création,

c’est pas ex nihilo,

la création,

ce sont des savoirs qui se fécondent               mutuellement.


Notre langue, elle est superficielle,

elle est publique

et en même temps elle est intime.

C’est notre moyen de faire passer

de l’interne à l’externe, de s’exprimer,

de se laisser impressionner, imprimer


Un homme pauvre est un homme dont les capacités sont gaspillées.

La pauvreté est un manque de liberté.

La culture est belle,
libre,  intime
et aussi plurielle…
J’espère qu’on est tous créateurs 
à nos façons.


Si on a pas fait cette expérience des libertés culturelles,

c’est à dire de la réciprocité des savoirs,

d’une véritable communication,

alors on est pauvre.

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CACAO – CHOCOLAT – ECOLE – CLASSE DE CLIS – VOYAGE – REVES – RECIPROCITE – ECHANGES

Les cabosses rapportées du Brésil par Jeanne jusqu’à Nantes ont été sources d’inspiration…

En septembre 2008, 2 cabosses provenant du Brésil et ayant passées la frontière aérienne sans visa sont arrivées dans une école de Nantes. Ecole où sont scolarisés des enfants qui fréquentent la bibliothèque de rue du quartier de Malakoff.

Au Vénézuéla où les graines de cacao sont mises à sécher sur les bords de routes durant la saison, où les boules de cacao (de la taille d’une balle de tennis) sont vendues afin de confectionner le breuvage additionné d’épices, et où les cacaoyers poussent à portée de mains des conducteurs se rendant à la plage, j’ai beaucoup apprécié ce fruit et ai appris à l’accommoder dans diverses recettes.

Quel plaisir de faire découvrir à une classe le fruit ! Donc, me voilà face à 12 jeunes entre 8 et 12 ans qui mangent régulièrement du chocolat.

Première étape : description et ouverture

Tout de suite les questions fusent et nous passons en revue les climats, les cartes du monde, les langues et les habitudes alimentaires.

Pour la deuxième séance (le maître a peaufiné les réponses entre temps et voyagé en géographie avec les élèves) j’ai préparé des petits pots avec du cacao pur mélangé à de l’eau, à du sucre de canne, à du lait, à du lait et du sucre et un foulard. Dans la cuisine de la classe, petits groupes pour goûter à l’aveugle les préparations. Franc succès car les enfants sont enthousiastes, évidemment, ils ont goûté à l’enveloppe gluante entourant les fèves avec dégoût mais ont perçu la saveur douce de l’élément.

Bah Oussou a découvert la différence de saveurs et voulu montrer aux élèves d’une autres classe qu’il pouvait partager ses savoirs (sans passer par la violence habituelle de ses échanges) et a préparé sa visite en cherchant des illustrations de l’arbre, de la machine à broyer, des bateaux qui transportent. Il est parti, accompagné par une camarade avec la cabosse portée comme un trophée vers la classe de CP qui est restée subjuguée par ses explications (tout comme l’enseignante)

Fort de son succès et entouré par les commentaires élogieux des enseignants, il est revenu en classe et a raconté… Les autres enfants de la CLIS ont répondu aux demandes des enseignants d’autres classes et sont allés présenter le fruit et répondre aux questions de leurs camarades.

Voilà l’histoire de deux cabosses dans une petite école de Nantes. Elles ont permis à des enfants qui souvent ont des difficultés d’apprentissage et de relation de se mettre en situation d’échange, de faire valoir un savoir immédiat et ludique (la troisième séance : dégustation sous diverses formes),et  de se sentir « valoriser » par cette expérience.

Un grand merci à la voyageuse transporteuse de rêve et transmetteuse de savoirs-faire : JEANNE

Dominique Perrin Bolivar

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Lecture publique et grande pauvreté

–17 Octobre 2008 Les Champs Libres Rennes – – Bibliothèques et publics en situation de précarité I – Restitution de trois co-formations ATD- Bibliothèques de Rennes « Croiser les savoirs pour que tous aient accès à la culture » A – Un travail sur les mots « Pauvreté, Livre » et les représentations des militants Quart Monde et des…
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JEANNE ASHBE, Auteur illustratrice au Centre Ressource Ville de Nantes le 5 mars 2008

Les bébés sont curieux, sensibles et intelligents. Les bébés « travaillent » à travers les activités qu’ils déploient à longueur de journée. J. Ashbé fabrique des livres que les enfants vont pouvoir manipuler- ils aiment- sans risque de les abîmer. Un bébé va dans un livre chercher un écho à sa vie à lui. Le livre met…
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